garde-fous législatifs
Pratique

Les garde-fous législatifs pour les voitures autonomes

Alors que l’intégration des voitures autonomes sur nos routes s’accélère, la France se positionne comme un leader européen dans l’établissement d’un cadre législatif novateur, visant à encadrer rigoureusement cette révolution technologique. Des récentes évolutions réglementaires ont permis d’autoriser la circulation des véhicules à délégation de conduite, sous conditions strictes, mettant en lumière les enjeux cruciaux liés à la sécurité, à la responsabilité et à l’acceptabilité sociale. Face aux progrès des constructeurs français tels que Renault, Peugeot ou Citroën, et aux initiatives des acteurs technologiques comme Valeo et Navya, le paysage législatif évolue pour concilier innovation et protection des usagers, tout en anticipant les défis futurs autour de la cybersécurité, de la protection des données et de l’écologie.

Les trois niveaux de délégation de conduite définis par la législation française pour véhicules autonomes

La catégorisation américaine classique des véhicules autonomes, allant de niveaux 0 à 5, a inspiré mais n’a pas été retenue telle quelle par le législateur français qui a opté pour une classification simplifiée fondée sur trois niveaux d’automatisation, telle que définie dans l’article R.311-1 du Code de la route. Cette approche tranche avec les standards internationaux et reflète une volonté d’adaptation pragmatique aux réalités techniques et légales françaises.

Le premier palier concerne les véhicules partiellement automatisés. Dans ce cadre, le véhicule est doté d’un système qui contrôle dynamiquement certains aspects du déplacement, mais nécessite en permanence la vigilance active du conducteur et son intervention en cas d’aléas ou de défaillances. Par exemple, un modèle Renault ou Peugeot équipé d’un dispositif d’assistance au maintien de voie entrera dans cette catégorie, où le conducteur reste pleinement responsable.

Le second niveau, dit de haute automatisation, concerne les voitures capables de gérer elles-mêmes tout incident ou situation inattendue dans leur domaine fonctionnel sans requérir de reprise immédiate par le conducteur. Par exemple, certains véhicules Citroën en phase avancée de tests sont équipés de systèmes capables d’adapter la conduite dans des zones urbaines codifiées, tout en conservant une surveillance passive du conducteur, prêt à reprendre la main si nécessaire.

Enfin, le niveau de délégation totale de conduite décrit des véhicules gérant l’intégralité des opérations sans solliciter la moindre intervention humaine durant la manœuvre. Ces véhicules intelligents, comme ceux que développent des acteurs innovants tels que Navya, visent une parfaite autonomie sur des parcours prédéfinis, notamment dans des zones urbaines sécurisées ou sur des voies réservées. En parallèle, les entreprises spécialisées en équipement automobile comme Valeo travaillent sur les dispositifs associés à cette autonomie complète, alliant capteurs avancés et intelligence artificielle.

Le cadre législatif français en évolution : de la Loi PACTE à la Loi d’Orientation des Mobilités

Depuis plusieurs années, la France s’attèle à doter son cadre juridique des outils nécessaires pour accompagner l’essor des véhicules autonomes. Deux lois emblématiques ont marqué le pas vers l’adaptation des règles : la Loi PACTE de mai 2019 et la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) de décembre 2019. Ces textes ont ouvert la voie, en autorisant notamment la réalisation d’expérimentations et en confiant au gouvernement le soin de moduler la réglementation par ordonnances.

La Loi PACTE a principalement facilité le lancement de nombreuses expérimentations, en allégeant les procédures d’homologation et en incitant les acteurs concernés à innover. Renault, PSA Groupe (intégrant Peugeot et Citroën) ou Michelin ont pu ainsi développer et tester des prototypes en interaction avec les infrastructures existantes, sous contrôle réglementaire adapté.

De son côté, la Loi d’Orientation des Mobilités a donné un cadre au gouvernement pour adopter des mesures spécifiques afin d’autoriser la circulation des véhicules à délégation de conduite. Elle a servi de fondation à l’ordonnance n° 2021-443 d’avril 2021 et au décret du 29 juin 2021, qui ont modifié le Code de la route en intégrant les notions juridiques propres aux véhicules autonomes, comme le régime de responsabilité spécifique du conducteur lorsque le système fonctionne correctement.

Cette révision a introduit la notion essentielle selon laquelle, pendant que le système automatisé prend en charge la conduite dans les conditions prévues, la responsabilité peut être partiellement ou totalement transférée du conducteur au fabricant. Cette évolution est capitale pour encourager les constructeurs comme Navya ou les équipementiers tels que Valeo à investir sereinement dans les technologies d’automatisation.

Les droits, responsabilités et sécurité : régulation juridique des véhicules autonomes

Un des piliers fondamentaux des garde-fous législatifs concerne la responsabilité civile et pénale en cas d’accident ou de défaillance technique. La France a pris soin d’adapter ses règles, permettant une claire définition du régime de responsabilité selon le niveau d’automatisation utilisé.

Pour les véhicules partiellement automatisés, la responsabilité reste principalement celle du conducteur, qui doit être en contrôle actif et prêt à reprendre la main. Cependant, dès lors que le véhicule passe à un système hautement automatisé ou totalement autonome, la charge peut se transférer progressivement au constructeur ou au fournisseur du système.

Cette évolution est particulièrement sensible pour des groupes comme PSA ou Renault, qui intègrent de plus en plus d’intelligence artificielle dans leurs modèles. La jurisprudence commence à prendre en compte cette complexité, en tenant compte aussi des contraintes techniques liées à la cybersécurité. Valeo et autres équipementiers doivent démontrer que leurs dispositifs ne peuvent pas être piratés, garantissant la sécurité des données et la protection contre les intrusions malveillantes.

En outre, la loi encadre l’utilisation des données générées par ces véhicules  données susceptibles de dévoiler des habitudes de conduite ou des informations personnelles. Le RGPD et le Data Act européen encadrent strictement ce secteur, imposant aux fabricants comme Navya et aux opérateurs comme Transdev une transparence totale et un consentement explicite des usagers.

La sécurité routière demeure au cœur des débats parlementaires. Les autorités insistent sur la nécessité que la conduite automatisée ne débouche pas sur une baisse d’attention du conducteur restant en supervision. Dans cet esprit, Renault et Citroën intègrent dans leurs systèmes des alertes et dispositifs sophistiqués pour s’assurer que le conducteur reste prêt à intervenir en toute circonstance.

Les enjeux futurs pour la France : cybersécurité, environnement et acceptabilité sociale

À l’aube de 2025, la France concentre ses efforts sur plusieurs axes stratégiques pour accompagner durablement le déploiement massif des véhicules autonomes. Les évolutions législatives en cours doivent prendre en compte non seulement la sécurité physique des usagers, mais aussi la protection contre les cybermenaces, l’impact environnemental et enfin l’acceptabilité par les citoyens.

La cybersécurité constitue un domaine majeur. Avec la complexité croissante des systèmes d’intelligence artificielle embarquée, la menace d’intrusions malveillantes visant à détourner le contrôle des véhicules inquiète. Les réglementations imposent désormais aux acteurs comme Valeo ou Alstom de fournir des garanties techniques robustes, sous peine de sanctions sévères. Des collaborations entre experts en sécurité et industriels renforcent la résistance des dispositifs, tout en anticipant les scénarios d’attaque sur réseaux connectés.

Du point de vue écologique, la transition vers des mobilités plus vertes passe aussi par l’intégration sereine des véhicules autonomes dans un tissu urbain repensé. Des acteurs comme la RATP oeuvrent avec des industriels pour déployer des systèmes de transport collectif automatisés, limitant ainsi la congestion et la pollution. Michelin, pour sa part, innove dans des pneumatiques adaptés à la conduite automatisée, privilégiant durabilité et réduction des émissions.

L’acceptabilité sociale reste un défi de taille. Si les expériences menées dans des zones précises rassurent progressivement, beaucoup d’usagers demeurent prudents quant à la fiabilité de ces technologies. Les discours publics, les campagnes d’information et les retours d’expériences concrets de sociétés comme PSA Groupe ou Navya s’avèrent donc essentiels pour construire une confiance durable. Qu’il s’agisse d’expériences vécues sur parcours urbains ou autoroutiers, ces témoignages influencent largement la perception collective.

Laisser un commentaire Annuler la réponse